Bonjour à celles et ceux qui souhaitent suivre cette transition vers le LFR. Avant d’étaler toutes mes séances et les critiques de celles-ci, petite présentation…
Pseudo: Jey
Age: 34 ans
Ambassadeur Trailstore depuis ses débuts.
Pratique: formation athlétique tardive, à 17 ans, après avoir arrêté le foot. 17 ans de pratique donc. Moins l’année passée et une année d’arrêt en 2006. J’en avais marre de la route, ça a été une année de transition vers le trail que je pratique depuis 2007. Plus jamais de piste (dommage) ni de route (heureusement). Bien sur des cross avec une participation en queue de peloton aux championnats de France en 2012. Souvent placé à un faible niveau, rarement gagnant. Faut dire que je suis un peu un fainéant pour l’entraînement, je mets tout sur une bonne base bien présente mais ce n’est pas assez. Depuis 2007, quelques gros noms de course trail effectués mais le plus beau reste à venir. De petits bobos mais jamais de très grosses blessures à l’exception de cette gênante aponévrosite plantaire.
LFR: selon Solarberg Séhel, le LFR n’est pas à confondre avec le minimalisme ou le barefoot. Je dirais que le LFR n’est pas aussi extrémiste. Il se base juste sur une technique de course qui va privilégier un appui médio-pied de manière à économiser et prendre soin de votre corps. D’ailleurs LFR ne rime pas avec chaussures ultra plates, sans semelles… Il conseille d’ailleurs pour les débuts de garder des runnings « normales ». Mais bon, concernant les chaussures, j’y reviendrai plus tard.
En effet, je le dis toujours aux personnes qui veulent commencer à courir, le sport comme je le pratique n’est certainement pas bon pour la santé, c’est devenu une évidence mais que faire, c’est tellement addictif.
Mon but: dans cette transition, je ne cherche pas une solution miracle qui n’existe pas pour ne plus jamais me blesser. Je cherche juste à pouvoir éviter à mon corps et à ma pratique tout un tas de désagréments. Car une année vierge de trails, croyez-moi, c’est une horreur…
Voilà, les présentations faites, je vous laisse embarquer avec moi dans cette transition…
Il y a un an, presque jour pour jour, je décidais de me mettre au repos forcé. Je m’en souviens…
» Je suis dans cette dernière ligne droite goudronnée qui me ramène à Vielle-Aure. Ma fille d’un peu plus d’un an m’attend car il est encore tôt. Heureusement, j’ai bien couru et elle n’est pas encore couchée. C’est ce que je souhaitais malgré une préparation très compliquée, pouvoir courir les derniers mètres de l’épreuve avec elle. Je suis heureux du chemin parcouru aujourd’hui et à toute allure, je la rejoins enfin à l’entrée du tapis rouge. Elle marche depuis le jour de ses un an et je franchis avec elle la ligne d’arrivée… »
A cet instant, je sais que je ne courrai plus avant bien longtemps…
Quelques mois plus tôt, alors que je me prépare pour ce GRP sur d’autre courses plus petites, je ressens un jour une douleur sous le talon. Surentraînement, chaussures, fatigue… Je ne connais pas l’origine mais cette douleur est horrible et désagréable. Même insoutenable au lever. Quelques renseignements pris, aponévrosite plantaire ou épine calcanéenne. J’interromps mes entraînements mais me rend quand même, début juillet, sur une dernière distance préparatoire à Bénasque ou je ne terminerai pas la course. La douleur est insupportable. J’arrête donc presque complètement durant l’été mais je ne veux pas louper ce GRP… J’y vais et surtout, je le termine avec ma fille.
Ensuite c’est une longue traversée du désert. Du repos, une radio négative une écho qui confirme l’aponévrosite. C’est très très douloureux. On me conseille du repos, je me repose jusqu’à ce que j’en ai marre. Je fais 15 séances d’ondes de choc. La douleur passe mais est toujours présente. Je compense bien avec du vélo mais ce n’est pas la même chose. Je passe chez un podologue d’un hôpital du sport. J’y crois mais au final, j’aurais mieux fait de m’abstenir. Les semelles m’entraînent d’autres douleurs aux genoux et aux hanches. Avec, je devais ne plus rien sentir en quelques jours, au pire quelques semaines. Tu parles, j’avais presque un drop de 3cm à l’intérieur de ma chaussure. Si si je vous jure, je les ai même gardées en souvenir…
Je stoppe de nouveau tout et je vois un autre podologue, ancien coureur. Il me dit: « mais vous n’avez pas besoin de semelles »… Je vous laisse imaginer mon état d’esprit après une dépense de 150€ de l’autre côté. Et je vous laisse imaginer alors mon sentiment quand il poursuit: « c’est inadmissible de vous avoir fait des semelles de ce genre, c’est incompréhensible. De plus, il est impossible de les porter dans des chaussures et encore moins de courir avec! »
Ensuite, j’en ai marre, je trottine quelque peu. 30′ de ci, de-là mais rien d’athlétique.
Mais depuis peu, sous les insistances masquées de mon ami Laurent, je commande le livre Light Feet Running de Solarberg Sehel. Mon souhait est simple. Depuis 17 ans que je cours, je sais qu’il n’existe aucune solution miracle pour ne jamais se blesser mais je veux juste économiser mon corps, mes articulations de manière à courir encore, encore et encore. Etant donné que je veux enfin une réelle reprise, peut-être est-il temps pour moi d’essayer et de passer vers le LFR.
Me voici donc lancé dans la lecture et l’application de ma transition vers le Light Feet Running. Ce journal de bord se voudra juste être ce que je vis et les sensations que j’éprouve au cours de cette transition. J’ai déjà débuté, j’en suis à ce jour à ma quatrième séance. Je rattrape ces 4 CR de séance très rapidement et ensuite, je pourrai vous offrir la possibilité de suivre mon état d’avancement et les critiques constructives sur la méthode, le livre, la technique…
Je ne suis pas un adepte du test chaussures parce que tout le monde est différent tant par son allure , sa morphologie , son aptitude aux terrains mais je vais tout de même tenter d’élucider les avantages et les inconvénients de cette trail roc 255 de chez INOV8.
Tout d’abord je tiens à signaler que ce test a été réalisé sans trucage , suffit juste de sentir l’intérieur de ces trail roc après 310 km d’essai . Oui oui 310!
Passons aux choses sérieuses:
Pourquoi pas un retour test plus tôt me direz vous?
Ben parce qu’on est pas en train d’acheter une cafetière pardi, faut le temps de savourer
En attendant 1 bon mois j’ai pu aller sur tous les terrains et toutes les distances . En effet je suis passé des 25km de lacaussadaise à quelques sorties du jeudi au SANCY en Mont d’or ,en passant par l’UTPMA et une prépa du trail des palombières que j’organise .
Pourquoi celles-là ?
Ben juste pour les conseils de Laurent qui a détecté qu’avec mon pied large il était normal que je fracasse toutes mes pompes alors qu’avec le mesh légèrement élastique de la Trailroc je devrais plus avoir de problème .
Pourquoi bleue?
Euhhhh
Bref j’essaie , de toute façon avec son tarif abordable je serai moins frustré si ça passe pas . À noter 110€ avec le pied droit et le pied gauche dans la même boîte
Aussitôt rentré aussi essayé!!!
1ères sensations étranges avec d’entrée une pose de pieds différente probablement due au drop de 6 et la légèreté de la pompe , 255g. Pas vraiment l’habitude moi .
Bref 11km de découverte où à deux reprises je manque de me vautrer sur du plat avec une pose de pieds trop rapide . Pire qu’un frein à main . Laurent m’avait prévenu que le grip était extraordinaire. Ça surprend .
Re belote le surlendemain avec séance de côtes.
Belle aisance , on dirait un lapin de garenne ( expression Laurent ). Mais je me dis que c’est la forme qui prime .
Je file donc en mode « déroulé tranquille »à la caussadaise . Le bleue de mes chaussures éblouie tout le monde , nan je rigole il fait nuit !!! Enfin je fais les 25 bornes nickel . Vraiment très surpris encore une fois par l’accroche et la foulée déjà en phase modifiée . Par contre je sens une légère douleur sur tout le côté de la jambe gauche .
D’autres entraînements plus tard et plus de douleur. Je décide donc de les prendre pour l’UTPMA . On me traite un peu de fou car avec cette chaussure légère et avec peu de renfort je pars au suicide. M’en tape !
Je vous passe les détails de la course mais pour être bref, je termine super bien avec 1h de moins qu’en 2014 et entier ( 15h58) .
Mais quelques signes me rappellent à l’ordre. Cette trail roc 255 ne peut être parfaite derrière ces yeux bleus et sa chevelure rouge !!!
En effet avec ma foulée rasante je manque à plusieurs reprises de me fracasser violemment ( j’abuse un peu) en accrochant un caillou et/ou une racine. Ça calme . C’est sûr que sans renfort tu goûtes et savoures en direct les effets du choc …surtout qu’après les 100km de Belves j’ai encore quelques ongles de pieds out !!!
Pis comme beaucoup de pompes t’as intérêt de faire gaffe ou tu poses ta carcasse car t’as vite fait de te faire une cheville, la semelle plutôt pas épaisse n’offre que peu d’erreur de la part du coureur. Chevilles fragiles attention .
Ensuite et ça c’est plutôt étrange , les lacets se défont parfois. Y’a pire comme souci mais quand t’es à fond sur un ultra genre 7-8 à l’heure ben c’est chiant et ce malgré le double nœud bien évidemment . Seule solution , passer la chevelure sous le laçage.
Au final vraiment bluffé par les sensations faut le dire .
J’ai donc continuer à les porter régulièrement et laisser mes mujin de côté … S’en est suivi 3 sorties dans les montagnes auvergnates et un off au lac de chasteaux entre autre. RAS !
Au final 310 bornes, aucune usure semelle , aucune rayure sur la carrosserie , le mesh n’a pas bougé .
Chui vraiment stupéfait par cette chaussure de trail .
Points négatifs:
laçage .
amortie ( on n’est pas sur des ressorts)
Points positifs:
couleur top
légèreté , (existe aussi enla version 235 avec un drop de 3 mn)
Novembre 2014, je surfe sur différents sites de course à pieds et de trails et je découvre une vidéo « best moments marathon du Mont –Blanc 2014 ». Waouw, une vidéo qui me donne la chaire de poule. Images à couper le souffle, musique de feu, pas de doutes j’en serai dès que ce sera possible… Malgré la promesse faite après le Grand Raid des Pyrénées 80 km (unique et dernier trail) , je craque et je me préinscris au 80 km du Mont-Blanc… GRP, une course calvaire due à des erreurs de débutants concernant l’alimentation en course. Trente km à marcher comme un robot et chaque mètre de dénivelé négatif équivalait à une chute…
Des jours et des nuits à m’interroger : « et si je m’étais hydraté convenablement… et si , j’avais mieux travaillé les descentes à l’entraînement… et si…. ». Bref, j’étais partagé entre effacer ce souvenir et me prouver que ce n’était qu’un apprentissage du milieu spécifique du trail…
Quelques semaines plus tard, je suis officiellement repris. Je suis heureux et inquiet aussi ; je n’ai pas envie de revivre le même scénario.
A partir de ce moment, je collecte les plans d’entraînement sur internet, dans les magazines, je consulte les autres trailers. Je me décide de suivre un plan du mag ‘ Esprit trail’ sur 12 semaines… programme destiné au GRP.
Je respecte le programme scrupuleusement à raison de 4 séances par semaines plus une optionnelle en fonction de l’état de forme. Tout se passe bien. Pas de blessures. Pas de coups de ‘mou’. Préparation parfaite. A partir de ce plan, j’aurai travaillé davantage le volume (couplé à du VTT) et les successions ‘montées-descentes’.
A quelques semaines du jour J, une superbe nouvelle arrive du ciel : j’aurai mon suiveur. Mon pote Jey va m’assister sur le parcours. Je pourrai profiter de son expérience, de ses conseils, de sa connaissance du parcours : un avantage substantiel.
25 juin 2015. La tension monte. Je deviens nerveux. Qu’est-ce-que je fous ici ? J’ai envie de rentrer chez moi. Je me promets à moi-même et à ma famille que j’arrête ces conneries de trail. Non, ce sera le dernier. J’exige de mon épouse qu’elle m’interdise de m’inscrire à un prochain trail ! J’ai peur de ne pas arriver au bout de ce 80 km. Je stresse !
26 juin 2015. Le réveil sonne à 02h45. La nuit a été très courte et le sommeil a été très mauvais. Je ne suis pas trop optimiste d’autant qu’on annonce une température avoisinant les 30 degrés.
J’ai analysé le parcours et je découpe le parcours en 3 parties : entrée, plat et dessert. L’entrée comporte ‘Chamonix- Le Buet’ ( km26) ; suivi du plat de résistance ‘col de la Terrasse – Tête de l’arolette’ jusqu’à ‘Les Bois’ (km 64) puis , ce qui me semble le plus accessible , le dessert ‘Montenvers- Plan de l’Aiguille.
Le départ est donné à 04h00. On attaque directement l’ascension du Brévent (1500m D+ sur 9 km). Je prends un bon départ ; je suis bien calé dans une allure qui me convient pourtant les sensations ne sont pas extraordinaires. J’ai l’impression de manquer de puissance, que je dois déjà puiser dans mes réserves. J’avale un gel et je veux patienter jusqu’au ravito du 11ème km pour faire le point. Je continue malgré tout l’ascension au même tempo… Yes, j’y arrive enfin et j’entame la descente (pas très technique) très prudemment jusqu’au ravito… Un magnifique panorama s’offre à nous , le massif du Mont-Blanc se présente devant nous aux premières lueurs du jour. Exceptionnel.
Suivant les conseils de Jey, je dois consommer du ‘salé’ : j’avale salami, fromage et biscuits TUC. Trente secondes plus tard, tout mon repas se retrouve au sol… Rien n’est passé. Tant pis, je me dois de continuer jusqu’au deuxième ravito ‘ le Buet’ qui constitue la fin de mon ‘entrée’. Je me sens mal. Si Jey était là, je m’arrêterais immédiatement.
A peine après avoir quitté ce premier ravito, un coup de mou apparaît… Je fouille dans mes poches et j’attrape un sachet de bonbons Squeezy energy. Je mâche quelques bonbons et immédiatement je ressens l’effet du sucre sur mon organisme. Du coup, le moral revient quelque peu. Je parviens à remplacer les idées négatives par des images positives… Les kilomètres passent et , pour la première fois, je vois les choses positivement. Je fais le bilan : au quart de la course, tout va bien. Pas de bobos.
J’arrive ‘au Buet’. Je croise Jey pour la première fois. Il me signale que j’ai l’air bien et je le confirme. Ces bonbons ont orienté ma course, m’ont rendu énergie et moral. Je croise des copains belges qui m’encouragent… yes ça fait du bien… Jey s’occupe de remplir mes bidons, me propose les choses à manger. Je suis chouchouté ! Et c’est avec un gros moral que j’entame le plat principal de mon trail : le col de la Terrasse. Rien qu’à voir le profil de cette difficulté me donne la migraine.
Le début de l’ascension me paraît facile. Nous sommes à l’ombre et le chemin monte tout doucement. Je peux courir facilement. Malgré tout, je ne force pas et je respecte ma règle : 2 gorgées d’eau tous les 150 m de dénivelé. Soudain, on quitte l’ombre et la pente se fait plus sèche… le soleil tape fort et c’est de plus en plus difficile de respecter cette foutue règle que je me suis imposée : impossible de m’arrêter après 2 gorgées… J’aperçois les traileurs loin devant moi et je me rends compte de la difficulté de ce col… C’est l’enfer. Tout le monde est plié en deux sur les bâtons. Tout le monde souffre. Et miracle, une source apparaît au milieu de l’ascension… Adieu ma règle. J’avale 1 litre et le sommet me semble plus proche. Pas à pas, j’arrive au sommet et je bascule vers Emosson… Les névés sont utilisés comme des toboggans ; ça rafraîchit tout le corps… La descente est prudente et enfin les espaces entre les trailers permettent de progresser à sa propre allure. Personne juste derrière et personne juste devant : le paradis ! J’arrive au ravito. Je fais le plein et le bilan est toujours positif mis à part quelques échauffements au niveau du talon gauche mais rien d’alarmant. Presqu’à la moitié du parcours… yes !
J’entame ce qui constitue, selon moi, la dernière grosse difficulté du parcours : tête de l’arolette. Après ce col, ce sera du gâteau ! Fort de ces pensées, je livre un effort constant. La montée est longue mais beaucoup moins éprouvante que le col précédent. Je rencontre un Irlandais et on discute gentiment. C’est super agréable et le temps passe vite. Je me sens bien et les premiers trailers devant moi sont dans le ‘dur’. C’est bon pour ma confiance. Ma préparation a été bonne. Mon moral est au zénith. Je connais un petit moment d’euphorie. Je cours toujours sur les rares parties plates et en descente. Par rapport au GRP, je suis en nette progression. Cinquante bornes et je peux toujours courir !!! Je franchis cette difficulté et je sais que Jey m’attend un peu plus bas.
Jey m’accueille avec tous les superlatifs possibles : « tu réalises un super truc mon gars ! Come on , allez !!! » . Malgré cela, mon allure se dégrade un peu et mon pied gauche connait les premières ampoules sous le talon. J’avale une soupe et j’essaie de me projeter sur un éventuel chrono final. Je bois de plus en plus et de plus en plus souvent. Il me reste 27 km dont 16 km de descentes. Oui, pour la première fois, je me vois à l’arrivée. Pensées positives.
Je repars pour 9 km de descente où je reverrai Jey pour la dernière fois. Jey me lance : « attention, il y quelques tape-culs ! ». Cela signifie qu’il y aura quelques bosses malgré tout. Merci Jey ! Ces 9 km me semblent une éternité. Neuf km me semblaient plus courts au début du trail. Un coureur français me rassure en me disant que c’est dans le poche à ce stade…
On arrive enfin au ravito avant la partie ‘dessert’. Des copains belges m’encouragent. C’est top. Je ne traîne pas car je veux éviter d’ effectuer la descente finale vers Cham dans l’obscurité.
La partie la plus facile s’offre à moi. Onze km d’ascension puis 7 km de descentes… Jey effectuera la descente finale avec moi. 1100m de D+ puis 1200m de D-…
Autour de moi, les discours sont relativement optimistes. Certains me parlent d’une ascension de seulement 600 m D+ puis d’une longue partie roulante et pratiquement plate. Croyant terminer facilement, je grimpe à vive allure. J’oublie la douleur au pied gauche : une grosse ampoule sous l’entièreté de mon talon gauche. Cela fait mal mais j’en ai vu d’autres. Dans ma tête, Montenvers est à moi très bientôt…
Je me rends compte après quelques hectomètres que cela monte tout de même assez fort. Peut-être me suis-je vu plus costaud que je ne l’étais ? J’ai à peine quitté le dernier point de ravitaillement que j’ai déjà très soif. Je suis dans le dur. Mes jambes ont de plus en plus de mal à monter ces rochers qui sont disposés sur le sentier. Tous les 50 m, je m’arrête. J’ai soif. Je m’étire un peu, je laisse passer des autres trailers qui sont dans le même état. Montenvers devient un enfer. J’avale gel après gel et ma réserve d’eau fond à vue d’œil. Il faut laisser passer l’orage. Je n’ai plus de ‘power’ dans mon corps. Je ne peux imaginer m’arrêter ici. Quel est l’idiot qui a imaginé que cette partie serait un dessert synonyme de plaisir ? Je m’en veux. Je ne peux plus poser le talon gauche au sol. Je suis très mal. Je continue malgré tout ma lente progression et après une grosse difficulté un ravitaillement additionnel apparaît… Dû à la chaleur, les organisateurs ont ajouté un point d’eau et de thé. Cela me booste. Mes bidons remplis, je repars sur un meilleur tempo. Montenvers n’est plus qu’à 40 min. La pente devient moins pentue. Le coureur devant moi recommence à courir et je lui enchaine le pas. Je peux courir ! Courir est un trop beau mot pour décrire ma foulée mais bon, dans mon esprit je cours ! La mer de glace se présente enfin devant moi. Oui Montenvers est presqu’à moi. Je me revois avec mes kids et ma femme ici même il y a quelques années. Ces images me rendent le moral. Allez, le dernier ravitaillement est à portée… Pour la première fois, je vais y rester un peu pour recharger les batteries et m’étirer. Dans 5 km, Jey sera là et ce sera plus facile…
Un bénévole me signale qu’il reste 5 km jusqu’au refuge de l’aiguille puis 7 km de descentes. Je repars en courant tout doucement. Je n’ai plus que 200m de D+ avant la descente finale. Le chemin n’est pas trop difficile mais zigzague dans tous les sens. Il est temps que je termine. Des concurrents reviennent très vite de derrière puis disparaissent très vite devant. C’est dur ! A ce rythme, je vais perdre 50 places mais peu importe. Mon orgueil de compétiteur ne le supporte pas. J’essaie de garder un bon rythme mais je souffre et je ne pose plus que l’avant du pied gauche au sol ; le pied droit est nickel. Et puis, j’aperçois le refuge. Yes, un sentiment de bonheur indescriptible. Ce chalet j’en ai rêvé… Pendant ma préparation, j’ai regardé à de nombreuses reprises la vidéo ‘best moments’ et , à chaque fois, je me suis imaginé à cet endroit sans savoir que c’était dans le final. Il domine toute la vallée. Un jour, j’y dormirai , c’est sûr. Quel magnifique endroit. Je regarde une dernière fois les sommets. Malgré la souffrance, je suis déjà nostalgique. Je salue les bénévoles. Le soleil se couche. Comme espéré , je bascule alors qu’il fait encore jour mais plus pour longtemps… Il est 21h05… J’allume déjà ma frontale. Jey sera là dans quelques instants…
L’arrivée est 1200m plus bas. Sept kilomètres de chemins qui serpentent et qui me semblent interminables. J’aperçois Jey alors qu’il me reste 6 km dont 1,5 km sur la route. Je fais mon maximum pour ne pas perdre de temps mais avec mon pied gauche endommagé chaque pas est un calvaire. On aperçoit les lumières de la ville mais j’ai l’impression qu’on ne s’en rapproche pas. J’écoute les conseils de Jey et j’essaie de passer là où il passe mais c’est pratiquement impossible. J’aperçois des frontales qui fondent sur moi et qui me dépassent ; une vingtaine de trailers me dépasseront dans cette descente. Je me tais et j’essaie de rester concentré. La souffrance est atroce. J’attends la route avec impatience. Jey m’encourage comme un dingue. Je suis comme un cycliste dans un contre la montre avec son directeur sportif derrière lui… Puis enfin la route apparait. C’est la délivrance. On progresse dans le rue principale où il y a énormément de gens. Toutes les personnes m’applaudissent comme si j’avais gagné la course. Un accueil formidable. Les frissons m’envahissent. Plus que quelques mètres. Je franchis la ligne d’arrivée en 18h25. Je suis 207ème. Pas trop mal pour un habitant du plat pays. Je suis très heureux. Je suis déjà nostalgique. Je retrouve des potes qui me félicitent. Satisfait du job après une très bonne préparation.
Et surtout une interrogation survient quelques minutes après mon arrivée : quel sera le prochain ???
Merci à ma famille pour mes longues absences des derniers mois , à Jey & Fred, à ma mum et aux amis/amies qui m’ont soutenu…
Et je profite de ‘compte rendu’ pour remercier @trailstore_fr pour les conseils sur l’alimentation en course. Quelle différence par rapport au GRP ! Merci Laurent.
Un excellent rapport qualité/prix, un produit à tester sans hésiter…
Cela fait un long moment que je ne courrais plus. Fichue aponévrosite plantaire!!! Et je ne m’appelle pas Zlatan 🙁 Suite à cela, une paire de semelles qualifiée de très mauvaise par un second podologue m’ont non seulement ravivé ce traumatisme mais en plus, m’ont donné une douleur au tendon rotulien! La merde me direz-vous! Et bien oui, une longue traversée du désert sur laquelle je reviendrai prochainement…
Près de 10 mois d’arrêt. Mais la, zut, il était temps et cela fait donc environ un mois que j’ai repris le vélo de route. Déconseillé pour le tendon rotulien mais la course était déconseillée pour mon aponévrosite… Du coup, j’ai repris les deux en mode « mollo ». Comme cela, pas de jalouse 😉
J’ai donc décidé de m’équiper de nouveau en chaussettes. Pas de lien direct avec ces satanées blessures me direz-vous mais bon mes chaussettes de récup « Décathlon » étaient mortes et c’est donc vers cette paire au prix plus qu’intéressant que je me suis tourné. Une paire que je peux utiliser à l’effort ou en récup, en vélo ou à pied, lors de petits footings de 20′ à 30′ une ou deux fois semaine et lors de mes déplacements quotidiens en vélo. Il est loin le temps des prépas CCC à enfiler les kils. Mais il reviendra. Enfin je l’espère…
J’ai toujours été un grand utilisateur des X SOCKS TRAIL. Mais là je suis bluffé par cette chaussette longue. Confort, maintien, pas de coutures, une compression légère et une douceur agréable.
En bref, une chaussette au rapport qualité prix très intéressant, testez-les! De mon côté, j’attends avec impatience de pourvoir les tester sur du long et du très long. Elle existent en noir ou en blanc… Et c’est par ici!
« Ce n’est pas parce qu’il y a moins de dénivelé que c’est moins dur ! » Si après la course je devais résumer ce trail en une phrase ce serait celle là. Mais 3 jours ont passé et maintenant elle serait plus : « Dans le Jura, il n’y a pas le Mont-Blanc, mais la vue de Dôle n’a rien à envier au géant blanc ! » Ce trail est tout simplement superbe. Je vous fais le topo. Départ de Mouthe passage par Morez puis Prémanon, petite vue panoramique en haut de la Dôle et retour par le col de Porte pour une arrivée aux Rousses. Pour les skieurs ils reconnaîtront une partie du parcours de la Transjurassienne, la plus grosse course de ski en France.
72km et 3200 de D+. Ne vous fiez pas aux chiffres, le rapport distance/deniv est trop souvent banalisé pourtant je peux vous dire que ça gratte sévère.
Jour J: réveil 2h45. Bah oui le Départ étant à Mouthe je prends le bus à 3h45 pour le rejoindre. Ma femme et mon fils sont là mais je ne veux pas réveiller mon loulou à 3h pour que papa gagne 1h de sommeil. Comme dirait ma femme « t’y as voulu, t’y as eu ! ». Bref, petit déj comme d’hab sauf que ça a du mal à passer ce matin. Je ne me sens pas stressé mais ça ne passe pas. Je mange par petites portions malgré tout. Je vais poser la voiture aux Rousses et monte dans le bus. L’organisation est au top il y a 5 bus qui nous attendent et on a des sacs avec notre numéro pour faire rapatrier nos affaires histoire de pas se geler pendant 1h en tenue de fête. J’ai quasi rien avec moi, un pantalon et un coupe-vent, il fait déjà 13 degrés ce matin. L’ambiance est plutôt calme dans le bus, je suis à coté d’une fille et tente de briser la glace » on est vraiment cinglés », elle me répond » Sorry, I don’t speak French ». Ca tombe bien j’avais pas trop envie de parler !
5h: le gymnase est plein à craquer et le speaker commence à faire monter l’ambiance sur la ligne. J’écoute sans écouter je suis dans ma bulle. Je pars m’échapper parce que la 1ere partie est roulante et je sais qu’on va partir vite. Je retrouve une amie dans le sas de départ Lauriane Foulet-Moreau qui fera 2ème féminine. On papote 5 min et le départ est donné au fusil de chasse (baaam ! Envolée de moineaux).
Ça part à un bon rythme (4′ 05 au kilo pour les ouf des chiffres) mais la route s’y prête bien. On est un groupe de 8 coureurs à l’avant avec Lorblanchet, Perrignon, Sherpa, Humbert et d’autres. Je décide de pas me fier aux gazelles et de tenir la foulée de François Faivre. Sa gestion de l’an passé lui avait value la victoire donc je sais qu’il maîtrise.
Le rythme est soutenue et la 1ère partie ne permet pas de faire de gros écart. Il y a 1200 de déniv sur les 36 premiers kils. Il ne faut pas s’emballer se sont les montagnes jurassiennes de Russie ici. Ça monte ça descend sans arrêt.
1er ravito
Tout se passe bien, sauf que mes baskets sont un poil grandes et mes pieds viennent taper le bout de mes chaussures dans les descentes raides. On est un bon groupe, je ne prends pas le risques de les perdre pour resserrer mes lacets, c’est mort !! Je sers les dents jusqu’à Morez où il y a un gros ravito et Anne m’attend pour l’assistance. J’en profiterai pour faire les ajustements.
dans la descente de Morbier…
Morez: 36ème kilo. Je suis 5ème, on a avalé la distance en 3h16 je crois. Un bon rythme bien soutenu. Je retrouve Anne et Léon, et Julien Coudert mon coach avec sa femme Juliette Bénédicto (ouais ça envoie dans la famille mdr) avec leurs enfants. J’ai des frissons de les voir, c’est tellement bon. Ils sont à bloc et ça fait plaisir. Aller, resserrage de lacets, remplissage de bidons (ça c’est ma chérie qui s’en occupe aidé par mon fils de 20 mois qui voulait mettre les mains dedans 🙁 je vous laisse imaginer la scène) je chope des gels pour la suite, je bois un coup et repars. J’ai fais un ravito assez long du coup je repars en 8ème position en ayant perdu F.Faivre. m**** !
Et là… C’est le drame. Les jambes raides, le cardio à bloc, je suis collé. Les bosses sont raides et longues, je suis isolé sur les sentiers jurassiens. Sa m*** comme j’en ch**! Je trottine tant bien que mal mais la chaleur est écrasante. Je vide mes bidons à une vitesse folle au point de m’arrêter dans un abreuvoir à vaches pour les remplir et tremper ma tête dedans. 2 litres en 10 bornes ça cause… La montée à Prémanon est un long chemin de croix, rien de raide mais un faux-plat, ça court à 10km/h et si tu marches t’es mort. Il faut serrer les dents.
J’arrive à Prémanon, km 46. Anne est là… Mais pas moi ! Je suis au fond du gouffre je titube et j’ai mal partout. Elle me réconforte et me dit que devant ça souffre aussi. Derrière personne ne revient, on est tous dans le dur. Ca fait du bien de la voir! Je repars sans conviction mais il faut pas traîner sous peine de mettre le clignotant. Elle me demande où elle me rejoins et la seule réponse que je trouve est « le plus tôt possible!! ».
le départ de Prémanon est un calvaire en plein cagnard
On attaque la dernière partie avant la montée de la Dôle. Je sais que le ravito du bas est à 4km du sommet. Je me fixe des objectifs à court terme pour ne pas gamberger et me tuer le moral. Juste avant le bas de la Dôle, Thibault Baronian me double dans une descente de ski, genre le truc hyper raide qui vous fout la banane l’hiver mais vous démonte l’été, en même temps on vient de monter l’autre versant, il ne fallait pas s’attendre à un truc de fillette. Lui il vole, moi je creuse! Ravito express avec Juliette et Clem son fils qui court comme un cabri.
J’attaque la Dôle. Et je monte, et je monte, et je monte ! Que c’est long, que c’est dur. En plein soleil, avec cette grosse boule blanche en point de mire qui ne grossit pas et les coureurs du marathon qui nous dépassent tellement vite qu’on croirait reculer. Il fait toujours très chaud et je commence à avoir du mal à m’alimenter. Je me force à prendre mes gels pour ne pas claquer une hypo à 5 bornes du but, ce serait regrettable. Donc je les avales tout rond et je bois, encore et encore ! 2 gars m’ont doublé dans la montée dont 1 avec qui je ferai le début de la descente. Au passage au sommet, la vue est splendide. Le beau temps nous laisse un panorama à couper le souffle (on n’en a déjà plus des masses !). La descente est technique et piègeuse. Mon compagnon de route en fera les frais avec une belle chute, sans bobo, mais il sera frileux pour le reste de la descente.
la fameuse Dôle!!
Et maintenant, le col de Porte ! Quel est le mec qui a tracé ce chemin ? Amenez le moi je vais me le faire! Il est horrible ce sentier. Un mur, une rampe, un accès direct à la douleur ! Mon GPS rigolait en affichant 34’55 au kilo. Un calvaire. Sur le profil on dirait un petit tremplin, juste le petit truc qui vous renvoie du sang dans les cuisses. La réalité est bien différente, j’ai souffert! Je ne vous fais pas de dessin sur la descente… Pareil que la montée. Bon, moins raide, mais plus technique. Elle débouche direct sur le dernier ravito situé à 10km de l’arrivée. Il fait bien moins chaud et les orages pointent leur nez. Anne a eu la merveilleuse idée de me donner de la Vichy à boire (elle a du acheter un pack de bières pour payer la bouteille, à moins que ce soit l’inverse !?), ce fut la renaissance. Plus de douleurs gastriques, le corps reprend de la vigueur et la foulée se fait plus légère. Je m’accroche à un coureur du 23 km qui me ramène sur mes 2 comparses qui m’avaient lâché dans la montée du col de Porte (ils avaient la clef… De la porte ! Prooout je sors ! ok). Je me sens bien et j’arrive à courir à un bon rythme (autour de 4’20 au km toujours pour les ouf d’en haut), les 10kms s’enchaînent et on arrive déjà dans le fort des Rousses. Je le connais assez bien pour l’avoir déjà vu au départ de la Forestière 5 ans plus tôt ou même de nuit pour l’Oxytrail blanc (course début janvier en nocturne que je conseille vivement)! Plus que 2 km et je me tire la bourre avec Régis Coumenges sous un orage de fou, la pluie a créée des flaques grosses comme des mares et on ne se fait pas prier pour passer tout debout, ça rafraîchit c’est un vrai bonheur. On arrive quasi ensemble sur le stade d’arrivée. Je lui dis d’y aller en pensant passer la ligne avec mon fils, pas de bol il sera en train de dormir dans la voiture. Dommage! je l’ai vu toute la journée et il a été adorable je ne peux pas lui en vouloir;
après le combat le fair-play !!
Je passe la ligne en 8ème position en 7h23’40 à 20 secondes de F.Faivre qui se classe 6ème. Je suis tellement heureux de mettre battu, le résultat est plus que correct et de bonne augure pour la suite. La pression retombant je m’effondre en larmes dans les bras de ma chérie, heureux!
Je retiendrai de cette course la beauté du paysage, la qualité de l’organisation et la densité du niveau. Je reprendrai les mots de T.Lorblanchet, « rallier un point à un autre est l’essence même du trail, la transju’ s’inscrit totalement dans l’état d’esprit de notre sport ! »