100 km plus loin…

Je suis devant mon écran, le corps un peu abîmé, la médaille dans la poche pour être sûr que c’est bien la réalité. Derrière moi il y a 100km parcourus dans la joie, la peine et la douleur, avec  le doute, un second souffle et ténacité. C’est à peu près dans cet ordre là que ça s’est déroulé. Car il ne faut pas se mentir, il se passe beaucoup de choses sur 100km, dans le corps et dans la tête. Des choses bien et des choses moins bien mais on retient l’essentiel, on est arrivé au bout de ce défi physique et mental. On rentre dans une petite famille ou une grande, ça dépend comment on se place, de coureurs d’ultra fond. On accède au titre de cent bornard. Pas de diplôme, pas de certificat, pas de papier pour vous le confirmer, c’est dans le cœur que ça se passe.

Je ne vais pas raconter chaque kilomètre car on sera largement au dessus de ce qui est acceptable de lire. Je vais plutôt dire ce qu’il y a de bon à vivre sur une course de ce format.

Il y a d’abord l’avant course, sa préparation, longue, exigeante mais l’attente fait aussi partie de ce qui est bon. On a le temps de rêver cette course, de se l’imaginer.

Il y a la veille de course, la route à prendre, la soirée à échanger avec les copains car on ne vit pas seul ce genre de course. On la vit accompagné. Ce seront les témoins de cette réalisation. Et puis il y a les derniers conseils de ceux qui ont l’expérience.

Il y a le matin même. On ne peut plus reculer. Les dés sont jetés. Notre destin est entre nos mains (ou plutôt nos pieds et nos jambes). Cela ne remettra pas en question ce que l’on est mais si on arrive au bout, cela peut nous transformer un peu, changer quelque chose en nous.

Il  y a la course. Cette longue attente avant d’en voir le bout. Apprendre à être patient. Les kilomètres vous l’imposent. Prendre son mal en patience afin de vivre quelque chose de fort, un moment unique, celui de l’accomplissement. Ce ne sera pas le cas de tout le monde et je reconnais ma chance d’avoir rempli le contrat.

Et puis il y a les autres acteurs, ceux qui donnent de leur temps pour que notre course se déroule pour le mieux : les bénévoles. J’ai pris soin de les remercier et de leur rappeler leur importance qu’ils soient kinés, podologues, ou qu’ils nous servent un verre ou nous proposent quelque chose à manger. C’est aussi grâce à eux que nous allons au bout si le corps ne nous lâche pas.

Ça peut paraître banal de dire cela mais je me suis découvert : j’ai été patient, j’ai su attendre, j’ai su résister à la tentation d’arrêter parce que j’avais un peu mal. J’ai été au bout d’un projet qui me tenait à cœur.

Je suis fier et heureux. J’ai également découvert un univers de course qui me correspond : celui des gens humbles et modestes face au défi qu’ils relèvent. Des gens avec qui vous partagez une grande partie de la course, de longues heures, avec qui vous plaisantez, souffrez. C’est juste indescriptible.

C’est une grande expérience humaine que j’ai vécue et je ne suis pas prêt de l’oublier. La médaille est là pour me le rappeler, dans ma poche.

Je suis heureux et fier. Et oui j’ai changé.

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4 réponses à 100 km plus loin…

  1. Jey dit :

    Félicitations Mr. RunFab 😉 Good Job…

  2. trime dit :

    Je l ai fait aussi mon premier … dossard 834.. merci pour ce récit on est ressorti plus grand plus fort ton récit est très beau je sais une chose je suis une mordue maintenant et belvés et bien oui en 2018reposes toi maintenant …Géraldine et félicitations …nous sommes devenus humbles et sereins j ai acquis une sérénité que je ne avais pas avant …..plein de belles choses ainsi qu aux tiens

  3. Gael Urien dit :

    Tres beau texte….. je me retrouve dans cet ecrit. Bienvenue à toi centbornard !

  4. jctri91 dit :

    Très beau compte rendu.
    Excellente analyse, c’est ce qui m’a poussé à ne plus faire que l’ultra que ce soit sur ironman ou en fonds, car comme vous le dites si bien « J’ai également découvert un univers de course qui me correspond : celui des gens humbles et modestes face au défi qu’ils relèvent ». Perso j’ai couru mon premier 6 jours l’an passé et tout de suite les athlètes m’ont adoptés quelques soit leur niveau, ce que je ne retrouve pas en course à pied et pourtant je coure en 2h45 le marathon et sur ironman car c’est plus la concurrence, l’individualité, alors que le très long, c’est la solidarité.
    bienvenue dans le monde de l’ultra et des 100bornards.
    Bravo

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