Autour du Ventoux

trail du mont ventoux

Cette montagne m’a toujours fascinée.

Tout d’abord c’est d’un village au pied du Géant de Provence qu’est originaire ma famille paternelle. Alors il y a un peu de moi dans cet endroit magique ou un peu de Ventoux en moi.
Ensuite, ayant fait pas mal de vélo, c’est une montagne mythique. Mais je n’ai jamais eu l’occasion d’en faire là-bas.
Je connaissais le Trail du même nom mais je ne m’imaginais pas m’y inscrire il y a presqu’un an.

Mais depuis il y a eu « mon » Sancy (34km) : mon premier trail en montagne.
Et aussi mon kiné qui me dit : « tu devrais aller courir au Ventoux, c’est un très bel endroit ». Et moi j’écoute toujours mon kiné ! ggggrrrrrr

Alors je décide de m’inscrire et d’envisager le petit parcours de 26km. Et puis comme on choisit en cours de chemin je me suis dit que je pourrai toujours bifurquer vers le 46km si je suis en forme.

Mais entre temps j’ai participé à un stage assez costaud au pays d’Antoine Guillon, à un autre plus hivernal avec Sébastien Spehler et au Trail du Sancy Hivernal (le 30km) : un magnifique trail blanc, mon premier trail dans la neige et le verglas. Et là ça passe, c’est parfois difficile, mais ça passe.
J’apprends beaucoup, je m’amuse à varier mes entrainements : courir sur la Dune du Pyla est devenu mon sport favori, je fais des séries de côtes, du fartlek … bref que des trucs sympas qui ne me donnent pas l’impression de m’entrainer.
Et voilà ce fameux 15 mars 2015 et finalement depuis le Sancy, j’en suis certaine : je veux faire le grand parcours ! C’est un gap pour moi vu mon inexpérience dans le trail montagneux mais justement un vrai défi sportif et personnel. Si je le réussis, j’aurai franchi une étape.

Quelques jours avant, la météo annoncée est clémente mais le Ventoux jusqu’à 1000 m est recouvert d’un épais manteau neigeux et j’avoue qu’en m’inscrivant en septembre je ne ne pensais pas me confronter à un trail hivernal en Provence. Mon Ventoux je le connais mal en fait. Il se mérite et j’espère être digne de lui. Heureusement que j’ai pu expérimenter la course dans la neige au Sancy deux mois plus tôt.

Le lundi, l’organisateur nous annonce dans une de ses dernières petites capsules vidéos (qu’il publie sur youtube depuis décembre) qu’on aura 98% de chance de passer par le sommet. C’est vrai qu’on vient pour ça : ça s’appelle le Trail du Ventoux et gravir une montagne aussi légendaire c’est attirant. Sauf que c’est le Ventoux et qu’il nous a réservés une ou deux autres dernières surprises. Il ne veut pas se laisser faire : le mercredi, les modèles météo s’affolent et les prévisions changent du tout au tout : fortes précipitations notamment le dimanche jour de la course, chutes de neige à 1400m.
Le géant de Provence a toujours le dernier mot : l’organisation nous annonce le vendredi qu’on empruntera le parcours de substitution (le B je crois, il y en a encore un 3ème). 40km et 2300m de D+ au lieu de 46km et 2700m de D+
Ouf ? non car le parcours de remplacement est très exigeant et les conditions de terrain restent très difficiles.

Alors commence une autre course, celle du mental pour moi : j’avais goûté lors de mes 2 précédents trails à une météo exceptionnellement clémente (au Sancy !) et là ce sera froid, pluie, neige … Mais de toutes façons c’est ça le sport outdoor et tout le monde subit les intempéries : ce sera veste imper-respire et casquette (je porte des lunettes) !
Dans ma tête, je me suis donc préparée pour ce grand parcours autour du Ventoux (passage à 1500m). Je n’ai même pas imaginé un instant que je pouvais bifurquer sur le 26km.

Pourtant au départ, l’organisateur lors du débriefing rappelle ses recommandations et insiste : « si vous choisissez quand même le grand parcours, il faut être très bien préparé, les conditions là haut sont très difficiles, il a neigé hier soir : 30 à 40 cm de neige » (ndlr : ils ont fait la trace en raquette une partie de la nuit ! bravo !) Bref ça donne envie 😀
Mais non je vais faire le grand parcours, point !

Que l’aventure commence !

7h50 plus tard j’arrive enfin.

Quel bonheur ! Je suis en forme, je n’ai ni souffert physiquement ni mentalement et pourtant j’ai couru presque 5h toute seule. Il y a eu 10km de belle neige (bon heureusement pour moi la trace faite par 600 traileurs avant moi fut parfaite hé hé). Quel sentiment non pas de solitude mais de liberté ! La course était parfaitement balisée, à aucun moment je n’ai eu un doute sur ma direction.

Et Ô miracle ! pas de pluie ni au départ ni lors de la course, juste de la neige qui tombait à 1500m mais c’était magique !

trail du mont ventoux 2015 sous la neige

trail du mont ventoux 2015 sous la neige

trail du mont ventoux

Mais je cherche l’arche … Elle n’y est plus … Je suis un peu déconcertée sur le moment car je ne sais pas où se trouve la ligne d’arrivée. Je vois les autres concurrents en train de déjeuner dans le bâtiment. Où aller ?
Un jeune homme sort alors d’une grande tente et me demande mon numérote dossard. Voilà. C’est fini. Mais j’ai eu un doute si je n’étais pas hors limite. Mais ce n’était pas le cas. Je serai bien (enfin « bien » ^^) classée.

Je pense aux 6-7 personnes encore derrière moi qui vont vivre aussi cette arrivée sans arche. Je me dirige vers le restaurant. Là je découvre qu’il faut une tenue correcte (et notamment les chaussures)! et bien je n’ai pas amené mes chaussures et du change moi ! Effectivement je ne loge pas dans les mêmes locaux que le resto. Pas grave, le plat est bien cuisiné 🙂 j’ai un peu faim mais je reste un moment un peu déconnectée de ce qui m’entoure : tout ce monde d’un coup, ça me fait drôle.

Le défi est accompli !

Autour du Ventoux, ce n’est pas seulement le parcours mais aussi ce que ce trail m’a enseigné sur ma pratique et sur moi-même.

Tout d’abord, j’ai ressenti des sentiments mêlés de joie, de doutes, de tristesse, de regrets et de satisfaction. Ouf, pas compliquée la fille !

J’ai eu beaucoup de mal à réaliser que j’avais fait : je ne sais même pas si c’est véritablement un exploit. Et puis cette saveur amère le lendemain de la course où je ressassais cette arrivée un peu morose sans cette arche. J’avais l’impression que je ne méritais aucune félicitation et qu’en tous cas, moi, je n’étais pas très satisfaite de ce que j’avais fait.
Bref un spleen terrible. Je peux l’expliquer maintenant par l’absence de glucides dans les heures qui ont suivi la course : pendant deux jours je n’ai pas eu faim et puis il y a peut-être eu un processus physiologique lié à cette sous-alimentation.

Il m’a fallu quelques jours et des échanges avec des traileurs expérimentés pour digérer tout ça, pour analyser tout ça.

J’ai enfin réalisé ce que j’avais fait : je l’ai bouclé ce Trail du Ventoux ! Je suis très contente de mes relances dans les petites côtes, de mon rythme régulier dans les longues montées (je ne me suis arrêtée dans aucune côte), de mon relâchement dans les descentes, j’ai essayé d’appliquer tous les conseils que j’ai reçus lors de mes stages et de mes exercices pratiques.
Je suis heureuse d’avoir réussi ce défi mais il me faut reconnaître quelques erreurs et j’ai encore pas mal de choses à travailler : et tant mieux !

Une de mes erreurs principales fut de partir en queue de peloton (ah c’est ma faute j’ai papoté avec un ami) et je n’ai pas le niveau pour remonter tout le monde, et non 🙂 Et ceci m’a valu d’être coincée sur le chemin de crêtes (où il faut grimper quelques rochers, voire mettre les mains) : 15 minutes à l’arrêt ! rageant.

Et puis j’ai passé sans doute un peu trop de temps aux ravitos car finalement ce que j’avais sur moi était suffisant. Mais bon j’ai pu saluer une ou deux personnes 🙂

Et puis c’est vrai, je n’ai pas souffert. On m’a dit que j’étais sans doute en deçà de mon potentiel. C’est finalement presque flatteur. Mais ce n’est pas évident quand on ne connaît pas in situ le parcours mais juste un profil sur le papier de gérer sa course.
Je suis très exigeante vis-à-vis de moi-même, je sais que j’ai beaucoup progressé et que j’ai réalisé des exercices de préparation difficiles. Je ne sais pas cependant ce que veut dire « être à l’agonie ». Je dois maintenant apprendre à mieux doser : à force de trop gérer, je suis en-dedans. C’est bien aussi de finir en forme un grand trail mais je ne veux pas rester avec un goût d’inachevé. Alors il y aura des points à améliorer et c’est tant mieux 🙂

Un jour je répondrai par l’affirmative à la question que l’on me pose après mes courses : « as-tu souffert ? » mais bon, je n’ai pas du tout dit que j’avais trouvé ce Trail du Ventoux facile ! Sa réputation n’est pas usurpée d’ailleurs.
Mais j’avoue ne pas être adepte du « no pain no gain » mais certes il faut faire des efforts et j’en fais croyez-moi : je ne me fais pas mal mais je me donne du mal, nuance ! 🙂
Mais si vous allez à l’entrainement par contrainte ou parce que c’est dans le plan (du magazine ou du coach) ou si vous craignez certaines séances (ah la VMA courte) et bien je crois qu’on n’est pas sur la même longueur d’ondes. Je ne suis plus à un âge pour réaliser des chronos et d’ailleurs cela n’a jamais été mon but, même plus jeune. Par contre me dépasser, repousser à chaque fois (et pas forcément en course) un peu mes limites, c’est mon objectif !

Je suis heureuse de pouvoir continuer à apprendre, à faire des exercices nouveaux et difficiles, à progresser, à développer mes capacités : franchir une par une toutes les étapes …

Je n’ai eu aucun pépin physique après mon trail, mon dos m’a laissé tranquille, juste des courbatures aux cuisses, absolument rien aux pieds. J’ai pris le temps de récupérer : j’applique pour cela une petite règle qui fonctionne bien chez moi 8h de course = 8 jours de repos (sans courir) mais j’ai pédalé et marché, pas de renfort musculaire, juste des étirements.

L’envie et le plaisir de courir par monts et par vaux (et par dunes !) restent intacts. Le plus important savoir s’écouter (au bon sens du terme) : le corps, la tête envoient de multiples signaux, se libérer lors de certaines séances de la montre cardio (je pratique ça de plus en plus). Ne jamais se contraindre mais aimer travailler ses points faibles et entretenir ses points forts. J’ai bien dit « aimer ».
Et puis surtout ne pas stresser inutilement, relativiser l’enjeu : on est là par choix, c’est un loisir, une chance, un privilège, un moment de partage, un moment avec soi, un accomplissement.

Enfin, pour celles et ceux que ça intéresse et sur l’exemple de mon ami Cédric, je vous mets ci-dessous un petit bilan nutritionnel et technique autour de ce trail :

Alimentation :
Avant course
et bien j’ai oublié chez moi mon fameux Gatosport d’Overstims, donc je me suis levée un peu plus tôt et j’ai pris un petit déjeuner classique : thé noir, un petit peu de sucre, pain de mie, beurre, confiture de fraise, dégusté 2H15 avant. Impeccable, pas d’estomac lourd, pas de manque d’énergie.
J’ai bu 2 gorgées de ma flask quelques minutes avant le départ.
En course
J’utilise depuis des années la boisson hydrixir d’overstims (en trail la « longue distance » qui a aussi des acides aminés). Nouveau parfum : grenadine ; j’ai adoré. J’ai bu 750 ml de boisson. J’ai complété aux ravitos avec des verres de coca et de l’eau plate. J’ai mangé un quart de banane au premier ravito soit au bout de 2H environ. Au second ravito, j’ai craqué sur quelques carrés de chocolat Crunch ! J’ai refusé poliment la soupe de légumes, j’avais trop chaud en fait pour en boire.
J’ai mangé 3 pâtes de fruits Aptonia (jellies) : fondantes, se mâchent aisément, pas trop sucrées donc ne donnant pas trop soif. Seul hic, l’emballage n’est pas facile à enlever.
J’ai bu encore deux verres d’eau minérale (merci la cup souple de NDure) au dernier ravito qui ne comporte que de l’eau.
J’ai donc largement bu et mangé plus que lors de mes précédents trails mais je sais que ce n’est pas énorme ; toutefois, je n’ai pas eu d’hypoglycémie.

J’ai utilisé également un complément alimentaire en cure, 3 semaines avant le Trail (et terminé une semaine après) du nom de PERFORMAX FORTE. Je l’ai trouvé efficace pour m’aider à soutenir ma charge d’entraînement dans les semaines précédentes ainsi qu’en récupération. Il permet d’améliorer l’oxygénation des muscles, a une action anti-fatigue et améliore le bien-être mental en augmentant la sécrétion de sérotonine et de dopamine (quand je vous disais que je n’ai pas souffert 🙂 ) Le produit est 100% biologique (fabriqué aux USA).
Il a été validé par SPORT PROTECT (Organisme qui valide la conformité des produits sur la loi anti-dopage). Il est à base de deux plantes : le Rhodiola rosea et le Le Cordyceps sinenis (Champignon himalayen).
Je n’ai pris aucun autre complément en parallèle (spiruline par exemple).
Je reprendrai donc en cure ce complément pour mes prochaines préparations.

Chaussures :
Un élément essentiel 🙂
j’ai utilisé mes HOKA Mafate Speed car le terrain annoncé était à la fois caillouteux et enneigé. Elles se sont très bien comportées. L’accroche est excellente (pas eu besoin de chaîne EZShoes dans la neige) même dans la boue (on a traversé des des zones de glaise en début de course). Ensuite, le confort des Hoka a fait le nécessaire : je ne sentais pas les cailloux sous mes semelles (au contraire de mes Speedcross), je n’ai pas eu mal aux genoux, et j’ai trouvé les transitions sur bitume très confortables voire dynamiques. Ce modèle bénéficie d’un nouveau matériau sur la semelle le RMAT.
Par contre, il faut bien serrer les lacets de type quicklace. Je note le côté pratique par rapport à Salomon : pas besoin de les bourrer dans une petite poche, on les passe dans deux boucles et c’est joué. Plus pratique si on veut les récupérer pour les défaire ou les régler. Les chaussures offrent une bonne protection pour les orteils, bien adaptées au terrain montagneux. Ces chaussures restent légères et protectrices.

Pas de bâtons :
Ils étaient interdits sur ce trail bien que j’en ai vu chez certains traileurs. Je suis habituée aux bâtons mais depuis l’inscription fin septembre, je me suis entraînée sans. Et finalement, j’ai trouvé que c’était plus facile à gérer pour s’alimenter, pour boire ou pour se changer.
Plus besoin de les ranger dans les descentes ou de les garder dans les mains et de courir avec.
Lors des montées en rythme, je n’ai pas ressenti le manque de bâtons (merci les entraînements).

Des manchons de compression :

J’utilisais des Sigvaris jusqu’à présent, mais j’ai toujours trouvé qu »ils me serraient un peu trop. Je n’utilise ce type d’équipements que pour des sorties de plus de 2h et si en plus il y a des côtes …  Pour ce trail, je me suis achetée des manchons de chez BV SPORT les Booster Elite. Ce qui m’a plu c’est l’approche de la compression à l’effort via leur brevet unique à pression différenciée entre la cheville et le mollet. Je les ai testés d’abord sur mes séries de montée d’étages (2×27 étages) et j’en ai tiré un bon confort et des mollets beaucoup moins douloureux. Ils m’ont donc accompagnée lors de mon trail et je n’ai eu aucune crampe. Même si au début, en marchant sur les fortes montées, j’ai eu un peu mal aux mollet, mais au bout de deux heures, plus rien ! Je les ai donc adoptées. Je trouve qu’ils ont une très belle finition : le tricotage est soigné.

Sac :
Un sac Race ULTRA 10 litres de chez INOV8 m’a été prêté à 3 jours de la course. Je sais, ce n’est pas bien d’inaugurer du nouveau matériel en compétition. J’ai juste fait une sortie de 40′ le jeudi pour apprendre à utiliser les pipettes, à sortir et rentrer les flasks, à utiliser les rangements. J’ai été conquise lors de la course, surtout au niveau de son ergonomie. Je ferai un compte-rendu plus en détail à part mais il a répondu à mes nombreux critères décrits ici dans mon précédent test de terrain http://trailstore.fr/blog/essai-de-terrain-sac-de-trail-pb-adventure-vest-2-0/

Voilà j’en ai terminé avec cet interminable compte-rendu ! N’hésitez pas à me poser toutes vos questions et à échanger avec sur le trail du Ventoux, le matériel, l’alimentation ou sur la façon de gérer une course (je suis preneuse surtout de vos conseils et expériences).

Ce contenu a été publié dans Tests matériels, Trails, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Autour du Ventoux

  1. lily dit :

    J ai adoré ton récit pour avoir vécu cette course
    Tes coups de pub me saoulent, et je n y vois aucun intérêt à mes yeux….
    Bonne continuation

    • Valérie dit :

      Merci pour ton commentaire, Lily.
      Je peux comprendre ton agacement mais ce n’est pas de la pub puisque je me suis payée ces matériels et produits (certains je les utilise depuis des années) et que je trouve important de les citer et de dire ce que j’en pense.Cet article n’est absolument pas sponsorisé. Comme l’a fait le blogueur que je cite avant mon bilan : préciser ce que l’on a utilisé et surtout le retour d’expérience que l’on en a tiré me semble intéressant. De plus c’était une demande de pas mal de mes contacts traileurs qui connaissent ce que j’utilise:)

  2. Ping : Test de terrain : sacs de trail "Race" Inov8 - trailstore - le blogtrailstore – le blog

Laisser un commentaire