Je ne suis qu’un anonyme parmi tant d’autres loin derrière l’élite du trail. Je ne suis pas Kilian, je ne suis pas Anton, je ne suis pas Sébastien ou François mais j’ai la même passion et je vis aussi de belles aventures.
La Raisin d’Or, modeste soit elle en comparaison d’une diagonale ou d’un ultra, fut ma première aventure longue distance. Je l’ai vécue avec le même enthousiasme, la même envie, le même stress qu’un champion. Il faut dire que je l’ai préparée méticuleusement. J’ai dormi Raisin d’Or, j’ai mangé Raisin d’Or, j’ai rêvé Raisin d’Or, j’ai vécu ma Raisin d’or pendant deux mois entiers (ma femme peut témoigner).
Tout a commencé à la fin de l’été quand mon grand ami Mr C. a évoqué l’idée de participer à cette course. A l’époque, c’était un peu fou mais depuis le temps que nous voulions programmer une course avec un vrai challenge, pourquoi pas celle-ci à deux pas de chez nous. Alors on s’est engagé, je me suis même inscrit en premier à la version 45km, ce qui me vaudra pour la première fois le dossard n°1, celui de favori (situation improbable).
A partir de là hors de question d’arriver les mains dans les poches. Je n’avais jamais dépassé les 20km, je devais donc me préparer. C’était d’ailleurs le deal entre Mr C. et moi. Il devait m’accompagner dans cette préparation. Et je comptais bien boire toutes ses paroles, ses conseils et profiter de ses facultés en course à pied pour apprendre à gérer ce type de course. Mais au-delà de son expérience, c’était aussi l’occasion de partager une philosophie de course que nous avons en commun : courir naturellement, pour se faire plaisir, sans s’imposer de contraintes.
Depuis début septembre j’ai donc simplement augmenté le nombre de mes sorties, partageant la plupart avec Mr C. qui m’aura beaucoup apporté question endurance. J’ai aussi allongé les distances pour atteindre les 30km le week-end. Ce qui m’a permis de découvrir de nouveaux horizons tant géographiques que physiques et mental. Sans changer mon alimentation que je trouvais déjà adapté à la pratique sportive, j’ai tout de même appris à m’hydrater pour atteindre le jour de la course en pleine forme et en possession de tous mes moyens.
Samedi 8 novembre. Il est à peu près 6h45 lorsque je réveille toute la maison de mon ami Mr C. parce que j’ai fait l’erreur de frapper à la porte. Il me le reprochera toute ma vie. On peut croire alors que la matinée commence mal mais une fois à l’intérieur de mon véhicule tunning, je le sens apaisé car je sais qu’il apprécie partager la route avec moi dans cette voiture d’exception. Sur la route on parle de tout et de rien mais surtout de tout parce que c’est comme ça entre nous. Et puis on arrive sur le lieu de la course. Lever de soleil, ambiance fraiche, nous sommes encerclés par les vignes du Sauternais. Au milieu du parc où se trouve le départ de la course, le château Filhot, majestueux ! Une fois les dossards récupérés, il nous reste 45 minutes pour nous préparer, du moins nous habiller, car il n’est pas question de s’échauffer, nous aurons 45km pour le faire. Armé de notre eau, nos barres énergétiques et autres gels, pates de fruits et saucisson, il ne nous reste plus qu’à rejoindre la ligne de départ. A ce moment là tu réalises ce que tu t’apprêtes à vivre et tu te rends compte qu’autour de toi, il n’y a qu’une quarantaine de participants affutés. Tu penses alors que tu vas finir bon dernier ! Paradoxalement je n’ai pas peur car depuis plusieurs semaines Mr C. m’a promis de faire la course avec moi. Rien ne peut plus vous rassurer et vous motiver à lui prouver que vous pouvez le faire.
Je ne vais pas vous raconter chaque kilomètre parcouru ou chaque minute passée. Je vais juste vous dire que pendant 25km ça s’est très bien passé. Qu’entre le 25ème et le 35ème kilomètre j’ai eu des hauts et des bas. Qu’après le 35ème j’ai vu souffrir mon pote à son tour et que pour qu’il arrive au bout je lui ai promis que je ne le lâcherai pas alors j’ai pris sur moi et surtout j’ai oublié la douleur. J’ai vu de superbes châteaux, des panoramas splendides. Il n’y avait peut-être pas de montagnes mais il y avait de belles vallées. Il n’y avait peut-être pas de dénivelé mais il y avait de belles mono traces. Et puis j’ai croisé de belles personnes unies dans l’effort, avec qui vous pouvez parler, rigoler, partager. Je les ai vues souffrir, elles m’ont vu souffrir. Et au final on s’est félicité comme si chacun avait gagné ou plutôt comme si on avait gagné ensemble. Alors vous me direz, dis plutôt que tu as souffert ? Mais en fait non, ce fut un beau moment ou plutôt 4h33 d’une belle première expérience et j’espère bien aller plus loin surtout si je suis toujours aussi bien accompagné qu’avec Mr C. Car au final ça ne sera pas qu’un souvenir pour moi mais pour nous dont on reparlera encore et encore.
Joli récit, merci ! Bravo l’artiste et bravo champion. Tu es sur la voie de l’ultra 😉
Bravo pour ce récit ! Bravo pour l’exploit !
Les sportives du marketing
Un chouette récit sur le dépassement de soi et l’entraide mutuelle, au final une belle expérience sportive et humaine. Félicitations Monsieur Fabrice !