Un baptême au GRP…

David (du plat pays), nous livre le CR de son tout premier ultra montagnard… A lire, à vivre et à courir sans modération…

« Je débarque à Vielle Aure le jeudi 21 août chez mon ami Jérôme. Je vais participer à mon premier ‘ultra’ de 80 km. Un défi lancé par mon ami et bêtement relevé… Ce n’est pas le premier mais là, c’est l’inconnu pour moi l’amateur de courses sur routes plates et régulières. J’aime l’endurance ; 80 km ne me font pas peur mais les 5000m D+ me stressent un peu. Monter n’est pas un souci mais je descends comme un enfant de 3 ans qui se retrouve pour la première fois face à un escalier à descendre…

Comme avant chaque  veille de compétition, je ne trouve pas le sommeil… je m’imagine mille et un scénarios différents pour la course… Je me lève et je suis très content d’être avec Jérôme. Fred m’a préparé mon Gato sport que j’achète par superstition car je n’en mange presque pas. Une tasse de café et direction le départ situé à 750 m du chalet.

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Sur la place du village, j’ai l’impression de ne pas être à ma place. Mes dernières paroles avant le start : «  bon sang, qu’est ce que je fous ici ? »… puis le départ est donné ; c’en est fini de s’interroger… La musique de ColdPlay ( sky full of stars) retentit ; j’ai des frissons… Let’s run… 12 semaines de préparation à Namur sont derrière moi… j’ai un moral d’enfer malgré la bruine !

La  montée vers le Col de Portet se passe bien. Jérôme est déjà bien loin. J’écoute les conseils des anciens : « cale toi sur un trailer qui a la même allure que toi et essaie de rester avec… ». Je gère bien cette première ascension. Je bois régulièrement de l’eau et une boisson sucrée. Au sommet, un spectacle magnifique … nous sommes au dessus des nuages et le soleil se lève. Majestueux.

Pas le temps de  lézarder, je fonce vers le ravito n°1. J’avale 2 verres de Coca et un morceau de fromage et je repars très vite. Très grosse erreur.

Je me dirige alors vers le Col de Bastanet : parcours caillouteux où je râle comme un cochon… impossible de courir sur ce chemin escarpé vu le monde et très accidenté… Mon allure est toujours régulière et le moral au zénith.

La descente vers Artigues est un véritable enfer. Je descends comme un escargot et ma faible vitesse gêne les autres trailers. Certains me dépassent en prévenant gentiment ; d’autres n’hésitent pas à me bousculer. Résultat : une culbute magnifique, un plongeon digne des plongeurs d’Acapulco… mes mains pleines d’épines. Je râle sec. Vivement que cela monte !!

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Yes. Artigues est là. Les supporters sont là : mon fiston Maxim, la maman et la copine de Jey, Fred. Cela fait du bien. Max me remplit mon bidon et je repars aussitôt. Je reproduis la même erreur qu’au premier ravito (malgré les conseils des supporters). Malheureusement, je ne m’en rends pas encore compte… Mon moral est bon. Les muscles sont en bon état. Quelques frottements aux pieds mais rien d’alarmant.

Déjà 30 km. La grosse pièce se présente : là, tout en haut…le Pic du Midi. Ma montée  vers Col de Sencours est régulière ; je dépasse assez bien de monde. C’est un type d’effort que j’aime bien. Les distances entre trailers s’allongent . Je me retrouve seul et je me sens très bien. Le soleil brille. Il fait chaud. C’est bon, ça !!! Je suis heureux d’arriver au Col de Sencours  car j’ai soif !!! Je ne peux plus avaler un atome du liquide sucré de ma poche. Ce goût me fait vomir. Je bois beaucoup d’eau… signe précurseur d’une défaillance. Le ravito est planté au bord d’un lac. Waouw. On croise des lamas. Allez, le Pic est là , tout près. Come on. Je repars aussi sec.

Nous croisons les plus rapides qui redescendent du Pic. Je croise Jérôme qui redescend. Il va bien ; je suis content. Un encouragement très furtif mais qui fait du bien … Malgré la proximité du Pic, cela me semble interminable… chemins étroits en lacets… un soleil de plomb… je ressens les effets de l’altitude… Au Pic, c’est une vue splendide. On distingue les sommets qui émergent des nuages… Par contre, les frottements sous me pieds se sont transformés en ‘ampoules’. Et il reste 40 km…

Après le contrôle, c’est la grande descente vers Tournaboup.  Dix kilomètres de descente et je connais déjà le scénario… je vais me faire avaler par les plus aguérris et mes quadriceps vont déguster… Certains passages sont raides. Je bénis celui qui a inventé les bâtons. Je progresse toujours à mon propre rythme. Les premiers signes de crampes arrivent rapidement. Plus qu’une idée : rejoindre Tournaboup et les supporters.

Tournaboup est là et je profite des supporters. J’explique que mes jambes sont mortes et qu’arriver est mon seul objectif. Fred m’explique que je suis complètement déshydraté. Elle me conseille de remplir ma poche à eau d’eau pétillante salée et de boire un max. Je bois une bouteille d’1,5l d’une traite. J’emporte du saucisson et du fromage.

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Je m’en veux de cette erreur de débutant. J’ai négligé les ravitaillements précédents et je le paie. Pour moi, le temps passé au ravito est du temps perdu. Grosse claque. Je m’en veux. Soit. Le mal est fait ; il faut faire avec…

Je repars comme un automate. Je suis un autre participant ; on discute . Je place mes pieds exactement où il place les siens. Je ne regarde que ses chaussures et ses chaussettes. Comme dit Benoît Poelvoorde (namurois) dans « Les Randonneurs » : un pas c’est un pas. Je ne réfléchis plus. Ma tête est ailleurs. Je pense à tous ces moments passés à m’entraîner à la citadelle de Namur. Je pense à Jérôme qui doit être sous la douche… Y aura-t-il autre ultra pour moi ? J’en doute…

J’ai bien bu jusqu’à la cabane D’Aygues Cluses ; je me sens un peu mieux. Je suis toujours avec mon ouvreur. Je prie pour qu’il ne craque pas. Nous avons la même allure… Le Col de Hourquette est franchi. Et nous sommes toujours  ensemble au ravitaillement du Col de Portet. La nuit commence à tomber… Il reste 13 kilomètres. Je sais que c’est gagné. Je me ravitaille et je m’aperçois que mon coéquipier ne semble pas vouloir repartir aussi vite que moi. Je quitte seul…

La dernière descente vers Vielle Aure est un long chemin de croix. Il fait noir. Nous traversons une sapinière en dévers. Je m’étale à plusieurs reprises… Vivement la fin. Je marche comme un cow-boy. J’arrive au niveau des premières maisons. Malgré l’heure tardive, ces habitants nous attendent et nous encouragent… L’arrivée est donc proche. C’est grisant. J’ai la chair de poule.

Le dernier kilo me fait oublier les ampoules et les crampes… Yes, I did it.

A 25 m de l’arrivée, j’aperçois mon fiston et nous franchissons ensemble la ligne d’arrivée… Il est 22h11. J’aurai mis 17h07 pour mon premier trail. Moment inoubliable.

J’ai plein de souvenirs plein la tête que je ne pourrai jamais oublier : le parcours dans des paysages magnifiques , la gentillesse des bénévoles, une organisation parfaite & une ambiance festive. Mention spéciale aux supporters Maxim et la Jérôme family…

Aujourd’hui, quand j’entends la chanson de Coldplay, les frissons reviennent..

Et les questions reviennent également : «  Et si je m’étais ravitaillé correctement, …. Et si je passais 1 semaine d’entrainement à la montage,…. ». Oui, il faut que j’y retourne

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2 réponses à Un baptême au GRP…

  1. franck dit :

    Félicitations !

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